L’importance d’être ensemble

Imaginez l’ambiance d’une rave, l’excitation d’un concert ou encore la réalisation d’un flash mob. En chacun de ces lieux, des jeunes se réunissent. D’où vient ce besoin de se rassembler et qu’est-ce que cela donne en pastorale des jeunes ?
Ce besoin d’être réunis, unis aux autres de manière tangible, est d’autant plus important qu’il se vit en réaction à une société individualiste. Les jeunes présentent alors une « identité floue » et cherchent à « développer des relations de dépendance dans des relations de groupe » [1]. On pourrait alors se lamenter sur le manque d’engagement et de repères. Certes, mais Jean-Paul II dans « Dilecti amici » observe — avant tout — une attirance du cœur des jeunes pour un idéal à réaliser.
À partir de cette soif d’idéal, prenons deux expressions différentes de rassemblement : une rave et un week-end diocésain. Vous en conviendrez aisément, il est préférable que la différence entre les deux soit abyssale. Pourtant, plutôt que de juger, regardons ce que ces événements — quels qu’ils soient — ont à nous apprendre des jeunes. N’est ce pas une manière d’exprimer son besoin de vibrer à l’unisson avec d’autres, de se sentir unis par quelque chose qui nous dépasse, de se sentir intégré à un tout ? En fermant les yeux pour nous imaginer un court instant au milieu de cette foule, ne se sent-on pas porté par la musique et la chaleur des corps qui s’animent autour de soi ? De même, lors d’un flash mob, ne se sent-on pas enfin capable de réaliser une œuvre commune ? Ces événements sont constitutifs de la vie des jeunes.
Cependant, les rassemblements de toute nature — y compris nos eucharisties — ne sont vraiment constructifs pour chacun que s’ils servent les relations, que s’ils créent une vraie communion. À l’inverse, quand ils ne le sont pas, ils ont l’effet d’une drogue en nous fournissant l’impression artificielle d’être unis aux autres alors que nous sommes simplement rassemblés. L’impression d’être ensemble alors que nous sommes simplement les uns à côté des autres. Un jeune lors d’une soirée, peut arriver sans connaître personne et prendre un bain de foule comme il prendrait un shoot.
"prendre un bain de foule comme il prendrait un shoot"
Il peut s’enivrer de toutes ces interactions autour de lui et repartir sans avoir adressé un mot à personne. À peu de différences près, certains paroissiens vivent la même chose. Un flash mob, lui, peut à la longue nous dispenser de réellement nous investir dans un vrai projet commun.
Cette façon de se droguer aux contacts humains devient rapidement — comme toute drogue — une source de désespérance. L’enjeu pastoral est là. Se rassembler ou se réunir donne le sens des réalités et développe des lieux de socialisation mais nous ne pouvons nous en contenter. Il faut permettre l’espérance. Le pasteur ne se contente pas de constituer un troupeau, il le conduit ! Comme chrétien, notre espérance, celui vers qui nous allons, vous le savez, c’est le Christ. Il est dès lors plus facile de remettre les rassemblements à leur juste place. Ils sont un moyen — pas suffisant mais nécessaire — pour découvrir le Christ. Aussi certains jeunes ne se sentent pas attirés par des rassemblements tels que les JMJ ou les week-end diocésains, qu’importe du moment qu’ils découvrent une manière d’entrer en relation qui les porte à l’espérance. Dieu n’est-il pas au milieu de nous dès que deux ou trois sont rassemblés en son nom ?
Malgré tout, la pastorale des jeunes se doit d’être à l’écoute du besoin des jeunes d’être réunis, d’avoir des moments où ils se sentent être à l’unisson et même parfois simplement de se sentir nombreux. Mais il faut y répondre par le Christ. C’est ce que l’expression « tout feu, tous flammes » essaye de développer depuis maintenant 3 ans. Elle explore le fait qu’il est bon d’être ensemble mais que nous nous retrouvons autour de quelqu’un d’autre que nous-même. Le Christ, en nous rassemblant, nous permet d’être vraiment en communion puis nous envoie vivre de cette union, même quand nous sommes seuls. Des rassemblements comme les JMJ ou un week-end diocésain deviennent alors un moyen de témoigner ou de découvrir l’union, en Église locale ou internationale, avec le Christ.
Pour aller plus loin
Entrez dans l’Espérance, Jean-Paul II
Ce sont les jeunes eux-mêmes qui les ont créées [les journées mondiales de la jeunesse]. Ces rassemblements correspondent à une aspiration des jeunes eux-mêmes dans tous les pays du monde. Ces Journées sont souvent riches en surprises pour les pasteurs et même pour les évêques. Le nombre de jeunes présents et la façon dont se déroulent ces Journées dépassent régulièrement toutes les prévisions et tous les espoirs.
XVII JMJ, programme pastoral, bureau de presse du saint siège
Plusieurs jeunes souffrent de l’isolement et de la solitude aujourd’hui. À l’occasion de la Journée Mondiale de la Jeunesse, ils découvrent le don de l’Église, et de nouvelles amitiés naissent à partir d’expériences communes. Le rassemblement de milliers de jeunes, de différentes cultures et de différentes langues, partageant le même baptême et la même foi, exprime l’unicité du Christ-Sauveur et l’Église appelée à être « la maison et l’école de la communion » (Novo Millenio Inneunte, n° 43). La Journée Mondiale de la Jeunesse est une rencontre avec le Christ qui est présent dans l’autre aux multiples visages.
Une parole de jeune, Jean Vandesmal
J’ai besoin de moments où l’on se retrouve entre jeunes qui croient et qui pratiquent, des moments forts. Sans ce ressourcement je ne crois pas que l’on puisse avancer. Sans l’appui des autres cela peut paraître insurmontable. C’est un ressourcement pour pouvoir avancer dans sa « petite paroisse » qui, elle aussi, a peut-être besoin d’un souffle nouveau. Les we diocésains, c’est plus régional, c’est se retrouver et être avec des gens qui sont confrontés aux mêmes problèmes. Les JMJ ce sont aussi des personnes qui ont des problèmes, mais pas forcément les mêmes. On se retrouve avec des manières différentes de vivre sa foi. J’ai besoin de rencontres exclusivement catholiques. Mais un rassemblement plus ouvert me ferait aussi du bien.